Finance et immobilier durables : collaboration essentielle
Finance et immobilier : une collaboration renforcée pour intégrer la durabilité
La finance durable prend une place croissante dans le secteur immobilier. Pourtant, les acteurs financiers et de la construction doivent encore resserrer leurs liens pour vraiment intégrer les enjeux de durabilité. C’est ce qui ressort d’un entretien avec deux experts, Thomas Fedrizzi et Thomas Richter, qui appellent à développer de nouveaux outils, notamment pour valoriser la construction bois.
L’immobilier durable : au-delà des simples aspects techniques
Selon Thomas Fedrizzi, le concept d’immobilier durable est souvent réduit aux installations techniques écologiques ou à la faible consommation énergétique. Or, une approche plus globale s’impose :
- Certains investisseurs se basent désormais sur l’analyse du cycle de vie complet des bâtiments
- De nouvelles réglementations limitent l’énergie grise dans la construction
- Certains pays comme le Danemark ou la France ont établi des directives sur l’empreinte carbone des matériaux
Pour Thomas Richter, les avantages économiques des bâtiments durables sont désormais démontrés, que ce soit en termes de coûts d’exploitation, de primes lors des transactions, ou de taux d’occupation. C’est donc un choix stratégique pour de nombreux investisseurs et banques.
Le rôle essentiel des labels bâtiments
Les labels jouent un rôle crucial pour évaluer la durabilité des produits financiers immobiliers. Parmi les plus populaires en Suisse :
- Le CECB (Certificat énergétique cantonal des bâtiments)
- Minergie, avec son complément Eco
Mais l’industrie et la recherche s’intéressent de plus en plus à d’autres aspects :
- L’énergie grise
- Le stockage de CO2
- L’économie circulaire
- Le « zéro net »
Finance et construction : un besoin de rapprochement
Si la finance trace ses propres voies en matière de durabilité, avec par exemple le test climatique PACTA, elle ne peut pas évaluer seule la performance écologique de la construction. Thomas Richter insiste sur la nécessité d’une collaboration renforcée entre finance, construction et immobilier.
Vers une « hypothèque bois » ?
Une étude menée par la ZHAW pour Timber Finance explore la faisabilité d’une « hypothèque bois ». L’idée :
- S’appuyer sur des certificats de stockage de CO2
- Permettre aux investisseurs de les comptabiliser dans leur bilan carbone
- Offrir un taux hypothécaire abaissé en échange de ces certificats
Cette approche pourrait permettre de valoriser le potentiel considérable de séquestration du carbone dans les bâtiments en bois.
Dépasser les contradictions pour promouvoir le bois
La promotion spécifique du bois dans la construction soulève des questions d’équité vis-à-vis des autres matériaux. Cependant, face à l’urgence climatique, Thomas Fedrizzi remet en question cette notion d’équité :
« Ne faut-il pas plutôt se demander où est l’équité dans une industrie qui émet sans rien débourser des millions de tonnes ou 11 % des rejets de gaz à effet de serre pour fabriquer béton et acier ? »
Pour Thomas Richter, il faut encourager la séquestration de CO2, que ce soit via le bois ou d’autres technologies. Ne pas saisir le potentiel du bâti bois sous prétexte que d’autres solutions ne sont pas encore au point serait une erreur.
Conclusion : vers une finance immobilière plus verte
L’intégration de la durabilité dans la finance immobilière est en marche, mais nécessite encore des efforts :
- Développement de nouveaux outils d’évaluation
- Collaboration renforcée entre acteurs financiers et de la construction
- Valorisation du potentiel de séquestration carbone, notamment du bois
Ces évolutions pourraient transformer en profondeur le financement et la valorisation des projets immobiliers dans les années à venir.